L’Union Nationale des Entreprises du Paysage (Unep) et Hortis, l’association des responsables d’espaces nature en ville, dévoilent les résultats de la quatrième enquête de l’Observatoire des villes vertes. Pour cette nouvelle vague, l’Observatoire a cherché à mettre au jour les nouvelles pratiques en matière de gestion des espaces verts au sein des collectivités. Il en ressort que les citoyens sont de plus en plus incités à s’investir dans la végétalisation de l’espace urbain, que ce soit en donnant leur avis ou en agissant concrètement.
Les principaux enseignements de l’Observatoire des Villes Vertes :
Au sein des collectivités, les modalités de prise de décision concernant les espaces verts évoluent et incluent davantage les citoyens :
- Les 20 villes du panel organisent des réunions de concertation avec leurs citoyens et associations abordant la question des espaces verts ;
- 1 ville interrogée sur 4 a mis en place une plateforme contributive en ligne pour recueillir l’avis de ses habitants sur les espaces verts existants ou en projet, et 1 ville sur 3 propose un budget participatif en ligne leur donnant le pouvoir de voter pour les projets qu’ils préfèrent ;
- 1 ville sur 2 invite ses citoyens à participer à l’entretien des espaces verts dans le cadre d’ateliers participatifs ou via des « permis de végétaliser ».
Les villes à l’écoute de leurs citoyens pour des projets plus verts
Les citoyens se sentent très concernés par la gestion des espaces verts de leurs villes, et ces dernières l’ont bien compris : la totalité des villes du panel abordent en effet la question des espaces verts lors des réunions de concertation avec leurs habitants, que ce soit pour discuter des parcs et jardins publics existants ou à venir. Au-delà de ce mode de consultation traditionnel, les villes s’approprient les nouveaux canaux de communication pour encourager la prise d’initiative citoyenne. De nombreuses villes développent des plateformes en ligne, où il est possible de donner son avis sur les projets en cours, proposer des espaces à végétaliser, ou encore s’inscrire à un atelier participatif. Ces plateformes permettent également de mobiliser une population plus large, souvent plus jeune et plus connectée.
Nantes : une plateforme en ligne à la disposition de ses habitants
La ville de Nantes a mise en place la plateforme Nantes & co : un outil pratique pour les citoyens qui souhaitent s’informer et participer aux divers projets de végétalisation de la ville.
Sur cette plateforme, il est aussi possible de s’inscrire à des ateliers variés proposés dans les différents quartiers de la ville. Par le biais de forums de discussion, par exemple sur le sujet des « Plan Paysage et Patrimoine », les citoyens nantais sont invités à partager connaissances, idées et envies afin d’améliorer le paysage urbain.
Paris : des plateformes pour faire vivre le débat en ligne
A Paris, plusieurs plateformes en ligne permettent aux citoyens de prendre une part active aux décisions concernant la ville. Par exemple, sur la plateforme Madame La Maire, j’ai une idée ! les parisiens sont actuellement invités à donner leurs idées sur le plan biodiversité pour leur ville. Au-delà de la petite couronne, le projet du Grand Paris, et son plan d’aménagement – incluant les espaces de nature – a été soumis à discussion sur le site Mon Grand Paris, j’en parle.
Nancy : le vert au service de la citoyenneté
La ville de Nancy organise des conseils citoyens afin de réfléchir collectivement à l’aménagement de ses espaces de nature. Elle initie également les « Mardis aux serres ». Ces ateliers hebdomadaires, qui connaissent un franc succès, proposent au public à la fois d’apprendre les bonnes pratiques écologiques en matière de jardinage mais également de profiter d’un moment de convivialité et de partage.
« Nous organisions déjà des visites commentées des serres, mais très souvent les visiteurs nous disaient avoir envie d’y venir jardiner. En constatant cet enthousiasme général, nous avons programmé ces ateliers en 2015 » commente Pierre Didierjean, Directeur des Parcs et Jardins de Nancy.
Enfin, la végétalisation de la ville de Nancy est un geste participatif et citoyen. Au lendemain des terribles attentats de 2015, la ville a décidé de distribuer gratuitement des graines au couleur du drapeau français : une façon de « semer ce qui donne de l’espoir et ce qui nous unit. L’opération « graines de citoyen » a été reconduite en 2016 avec un accent porté au rôle essentiel des plantes sauvages en milieu urbain » ajoute Pierre Didierjean.
Permis de végétaliser : les citoyens à l’initiative pour verdir leur quartier
Si 8 villes interrogées sur 10 déclarent qu’elles feront appel aux entreprises du paysage pour leurs futurs aménagements d’espaces verts, celles-ci sollicitent également de plus en plus les citoyens pour propager leur engouement pour une ville verte. Ainsi, 1 ville sur 2 invite ses habitants à contribuer à l’entretien des espaces verts. Un chiffre qui démontre la volonté des villes et de leurs habitants de créer un lieu de vie plus vert dans une atmosphère de générosité et de partage. La participation se fait sous différentes formes : « permis de végétaliser », « visa vert » ou encore organisation d’événements et d’ateliers participatifs.
Marseille : une initiative en faveur du végétal
La ville de Marseille a créé le « Visa Vert » un dispositif destiné à favoriser la végétalisation du domaine public. Une action simple mais efficace qui encourage la participation des citoyens dans l’entretien et la création de parcelles de verdure. Pour l’obtenir, les habitants doivent s’engager à respecter la charte de végétalisation mise en place par la ville. De nombreux quartiers ont fait peau neuve grâce à ce dispositif, telle que la rue de l’Arc, désormais véritable chemin verdoyant.
Strasbourg : Du vert pour faire renaître la vie de quartier
La ville de Strasbourg souhaitait donner la possibilité aux habitants de végétaliser plus facilement l’espace urbain, notamment les petits espaces, comme les pieds d’arbres. Pour cela, la municipalité travaille avec les habitants et associations, grâce à la signature de chartes de bonnes pratiques leur permettant de végétaliser leurs quartiers.
L’association « Envie de Quartier » a ainsi souhaité végétaliser la rue de Faubourg de Pierre, qui venait d’être réaménagée, et où 34 arbres avaient été plantés par la ville. Dans ce quartier très urbain, les habitants avaient envie de jardiner, tout en recréant des lieux de rencontre et de la convivialité. Envie de Quartier a travaillé à la végétalisation des pieds d’arbres, et de la place du quartier, avec le souci de favoriser la biodiversité (arbres fruitiers, rosiers, herbes aromatiques, plantes indigènes…).
« Grâce au réaménagement de la rue et au jardinage collectif, la rue s’est transformée, autrefois artère automobile bruyante et grise, il s’agit aujourd’hui d’une rue plus vivante et colorée. Surtout, l’atmosphère est aujourd’hui celle d’un village, plutôt que celle d’un quartier anonyme : beaucoup d’habitants ont tissé des liens forts, le jardinage est toujours l’occasion de discuter avec les habitants du quartier. » explique Lilli Papaloïzos, membre de l’association Envie de Quartier.
« Réelle source de bien être, les espaces verts sont la clé d’un cadre de vie agréable et durable. Verdir leur cité est déjà une attente forte des Français depuis plusieurs années. Les villes en prennent conscience et sont aujourd’hui force de proposition en offrant aux citoyens la possibilité de contribuer à entretenir le patrimoine vert urbain ou végétaliser les zones grises. Le savoir-faire technique et environnemental des entreprises du paysage, conjugué à l’engouement des citoyens et aux nombreuses initiatives portées par les municipalités, sont des phénomènes porteurs d’espoir pour la ville verte de demain. » conclut Catherine Muller, Présidente de l’Unep – Les Entreprises du Paysage.