Gestion de l’eau : 7 villes sur 10 concernées par des mesures de restriction d’arrosage en 2023

Date de publication

octobre 2023

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Alors que la France a traversé depuis le début de l’année plusieurs épisodes de sécheresse, les collectivités ont dû faire face à une baisse chronique de leurs ressources d’eau. Dans ce contexte préoccupant qui a conduit de nombreux départements à prendre des « arrêtés sécheresse », les municipalités doivent trouver des solutions pour optimiser leur gestion de l’eau, notamment pour préserver le patrimoine végétal des villes. L’Observatoire des villes vertes a interrogé en septembre 2023 35 villes sur la question de leur gestion de l’eau : comment se sont-elles organisées durant la période estivale pour préserver leurs végétaux ? Qu’ont-elles mis en place, quelles pistes envisagent-elles pour demain ?

Les collectivités toutes concernées par la diminution des ressources d’eau

La 14ème vague d’enquête de l’Observatoire des villes vertes, dédiée à la gestion de l’eau pour une ville durable, a révélé que 7 villes interrogées sur 10 ont été concernées par une ou des mesures de restriction de l’arrosage depuis le début de l’année 2023.

Dans ce contexte, elles ont dû s’organiser pour préserver leur capital vert : 43 % des villes ont déjà vu leur patrimoine végétal souffrir des mesures de restriction d’arrosage. Les conséquences des fortes chaleurs cette année se font particulièrement sentir : plus de 50 % des villes interrogées estiment que l’impact de la sécheresse sur leurs végétaux a été plus fort que les années précédentes.  À l’inverse, seul 25 % des villes estiment que leur patrimoine végétal n’a pas souffert des restrictions d’arrosage, principalement en Ile-de-France, en Hauts-de-France et en Bretagne.

Des solutions qui font consensus mais qui nécessitent un effort centralisé pour être développées

Face aux enjeux de préservation de leur patrimoine végétal, les villes ont toutes mené au moins une action pour faire en sorte que la végétation supporte mieux un arrosage plus faible pendant les périodes de chaleur. Parmi les solutions les plus répandues, les villes citent le paillage (100% des répondants y ont eu recours cet été), la plantation d’espèces de végétaux adaptées à la sécheresse et aux fortes chaleurs (89 % des villes répondantes, comme Paris, Metz, Erquinghem Lys ou encore Perpignan), ou encore l’optimisation des procédures ou systèmes d’arrosage (84 %).

Pour donner des exemples concrets, la ville de Nancy applique le paillage des massifs toute l’année, avec des vivaces et arbustes qui sont essentiels pour rafraîchir les villes. Lorsque le paillage est associé à un arrosage au goutte à goutte, les conditions sont optimales pour conserver un sol humide et frais avec un minimum d’apport hydrique.

Autres pistes efficaces pour optimiser l’utilisation de l’eau : la gestion durable des eaux pluviales « à la parcelle », et les solutions de récupération (eaux de pluie par exemple). Déjà mises en place par de nombreuses villes avant cette année, ces deux solutions ont été les plus développées en 2023, avec respectivement 9 et 8 villes qui les ont installées comme Reims, Coursan ou Le Havre.

En revanche, l’initiative la moins développée concerne la valorisation des ressources alternatives en eau (eaux usées traitées notamment), mise en place par seulement la moitié des villes (51 %). Pourtant, faciliter l’utilisation d’eau non potable est considérée comme prioritaire par 83 % des responsables espaces verts pour aider les villes à faire leur transition. Ce décalage s’explique principalement par des freins règlementaires, et parfois économiques, qui doivent encore être levés, une étape primordiale pour faciliter l’utilisation des eaux grises et eaux usées traitées dans l’arrosage en ville.

Pour Laurent Bizot,co-président de l’Observatoire et président de l’Union Nationale des Entreprises du Paysage (Unep) :

« Les municipalités ont su faire preuve d’une grande résilience pour s’adapter au changement climatique, tout en préservant leur patrimoine végétal. C’est primordial : si les sécheresses actuelles imposent des arbitrages aux collectivités, stopper l’arrosage de leurs espaces verts marquerait un coup d’arrêt brutal à des années d’investissements et de politiques locales de renaturation de l’espace urbain. C’est un non-sens, quand on connait l’importance du vert en ville pour atténuer les effets du dérèglement climatique et conserver des conditions de vie supportables en milieu urbain. D’autant plus que de nombreuses solutions existent pour préserver et économiser l’eau. »

Mieux anticiper pour faire face aux prochains épisodes de sécheresse 

Parce que les villes ont dû faire face très rapidement au manque d’eau, elles ont aussi su faire preuve d’imagination et de créativité dans les solutions mises en œuvre : alors qu’à Limoges l’eau des aquariums et des piscines est réutilisée pour arroser les végétaux, Angers utilise l’eau de ses fontaines, piscines et stations d’épuration. Metz va encore plus loin, notamment à l’occasion de « Metz Plage », qui permet à la ville de récupérer de l’eau de la piscine pour l’arrosage des végétaux et massifs agrémentant le site. Parmi les autres techniques, Argenteuil et Vitry-sur-Seine misent sur des pratiques plus anciennes comme l’utilisation d’Oya, pot en argile cuite poreuse utilisé comme système d’arrosage.

Certaines villes ont aussi adapté leur gouvernance : à Paris par exemple, un agent dit « Relais Eau » est nommé dans chaque arrondissement. Il a la charge du suivi des consommations d’eau pour les espaces verts de son secteur, de la sensibilisation des agents, de la circulation des consignes, restrictions et bonnes pratiques… Autre exemple à Nîmes où la ville a créé un service de gestion de la ressource en eau.

Pour Anne Marchand, co-présidente de l’Observatoire et présidente d’Hortis :

« Cette enquête nous fait comprendre l’ampleur des enjeux auxquels nous devrons faire face dans les années à venir sur la question de la gestion optimale de l’eau. Elle montre aussi que les collectivités ont su s’adapter et vite, à la fois dans leurs pratiques et leur gouvernance.  C’est un constat encourageant sur lequel il est nécessaire de capitaliser, pour ne pas perdre les investissements réalisés depuis de nombreuses années dans la constitution du patrimoine végétal des villes. »

La pédagogie des habitants aussi un levier activé par de nombreuses municipalités : 60 % des villes ont mené une campagne de sensibilisation auprès des citoyens, pour une bonne gestion de l’eau dans leurs espaces verts privés. A noter par ailleurs que 40 % des villes ont aussi déployé des campagnes d’affichage ou d’information à disposition du grand public pour le sensibiliser au sujet, à l’instar de Dinard, Annemasse, Bouaye et Paris.Au-delà de cet arsenal de solutions, les collectivités ont conscience que l’anticipation sera déterminante pour faire face aux prochains épisodes de sécheresse. Parmi les points clés à anticiper, les villes citent le plus la réutilisation eaux non conventionnelles (83 %), mais aussi la cartographie des îlots de chaleur (66%) et le renforcement des îlots de fraicheur existants (57 %), pour continuer à faire baisser la température en ville.

Pour toute demande de visuel ou d’échange avec un porte-parole à propos de l’enquête, cliquez ici.